radar

Le nombre de radars fixes se multiplient en Belgique. La ville de Bruxelles, qui a récemment adopté la limitation de vitesse à 30 kilomètres par heure a, à elle seule, augmenté son parc de radars de 28 nouvelles unités.

Dans la seule région de Bruxelles, le nombre de radars augmentera encore d’une trentaine d’unités. Une inflation qui serait en lien avec la volonté des autorités de lutter contre la mortalité routière. Mais, est-ce vraiment le cas ?

Les radars automatiques ont-ils rendu les routes de Belgique moins meurtrières ?

C’est la grande question que se posent les automobilistes qui prennent régulièrement la route pour effectuer de longs trajets. Après avoir été obligés d’installer des applications spécialisées dans la détection des radars, pour ôter un peu du stress des contrôles, ces radars automatiques ont-ils seulement eu un impact positif sur le nombre d’accidents de la route ?

Les statistiques du nombre d’accidents de la route en Belgique montrent une baisse très nette de 2005 à 2019. Le nombre de tués était de 627 personnes en 2005, pour « seulement » 309 en 2019. Toutefois, il est nécessaire de comparer ces résultats statistiques avec le nombre d’accidents de la route et de reconsidérer ce chiffre de 2019 au regard du nombre de morts à 30 jours suivant l’accident.

La raison en est simple : la baisse du nombre de morts pourrait être liée au cumul de plusieurs facteurs distincts, tels que :

  • La méthode de calcul,
  • la diminution du nombre de conducteurs,
  • l’amélioration de la sécurité des véhicules par les constructeurs.

Voyons ces trois critères plus en détail.

La méthode de calcul

Lorsque l’on se penche sur les chiffres, on se rend compte d’une réalité quelque peu différente. Bien que le nombre d’accidents corporels de la route ait diminué de 2%, passant de 38453 à 37699 accidents de 2018 à 2019, le nombre de personnes décédées dans les 30 jours après l’accident, du fait de ses suites, a augmenté de 7%, passant de 604 décès à 646.

Le chiffre reste partiellement stable, avec 615 morts en 2017, 670 en 2016, etc. La méthode de calcul est d’autant plus importante que les chiffres peuvent largement différer. En témoigne le chiffre de 309 tués en 2019, si l’on compte les morts sur les lieux du drame, ou 646 en prenant en compte les victimes décédées dans les 30 jours des suites de l’accident.

Les chiffres de l’année 2016, qui sont de 670 morts si l’on prend en compte les personnes décédées des suites de l’accident dans un délai de 30 jours, peuvent ainsi être minorés à 407 décès si seul le nombre de personnes décédées sur les lieux de l’accident sont prises en compte.

Par conséquent, en ne considérant que les chiffres des personnes décédées à 30 jours, on se rend compte que seule l’année 2020, et ses 499 décès à 30 jours, affiche une rupture franche avec les années précédentes.

Le mérite n’en va toutefois pas à la multiplication des radars automatiques, mais à la pandémie de Covid-19 et aux mesures de confinement. Il est donc nécessaire de s’intéresser au deuxième critère, qui est celui du nombre de conducteurs sur les routes.

Une baisse du nombre de conducteurs sur les routes

Le critère de la baisse du nombre de conducteurs sur les routes semble d’autant plus marqué que l’usage du vélo a le vent en poupe. En témoigne l’augmentation du nombre de cyclistes victimes d’accidents de la route de 25% en 2019, alors même que le nombre d’accidents corporels de la route avait diminué de 2%.

Le chiffre ne cesse de grimper, puisqu’en 2021 les cyclistes comptaient dans leurs rangs 10 118 blessés et 74 morts. La tendance n’est pas unique à la Belgique. En France métropolitaine, le nombre de cyclistes décédés a augmenté de 21% sur la seule année 2021 par rapport à l’année 2019. Dans le même temps, le nombre de morts baissait de 9% toutes catégories confondues.

Par conséquent, il est loin d’être certain que, tant les campagnes de prévention à la sécurité routière, que la mise en place croissante de radars automatiques, aient influé sur les chiffres. D’autant plus que la sécurité des véhicules ne cesse de s’améliorer.

Les constructeurs produisent des véhicules toujours plus sûrs

Les autorités européennes ne sont pas dupes. Pour faire baisser le nombre de morts sur les routes, il faut améliorer la sécurité des véhicules. C’est le message clair qu’a fait passer un règlement européen voté le 28 mars 2019, qui vise à atteindre un chiffre de zéro mort ou blessés graves à l’horizon 2050.

Pour se faire, le règlement impose notamment une meilleure gestion de la vitesse, des systèmes d’alarme en cas de somnolence ou de distraction du conducteur, ou encore de meilleurs systèmes de freinage avec contrôle de trajectoire. L’introduction des caméras, qu’elles soient de recul ou latéral, est l’une des grandes innovations de ces dernières années. Au point que l’on en vient même parfois à se demander comment on a pu faire des créneaux, en toute sécurité, sans caméra de recul.

Les radars automatiques, bandits manchots ou sécurité routière ?

Les radars rapporteraient environ 250 millions d’euros par an à l’Etat Belge. Sont-ils réellement utiles, ou ne constituent-ils qu’une variable d’ajustement du budget national ? Des études montreraient que l’implantation de radars fixes fait chuter les accidents de la route de 20%.

Les radars ont une telle incidence sur la vitesse des conducteurs qu’un carrossier Belge, excédé par la vitesse des véhicules passant devant chez lui, a construit un radar plus vrai que nature, qu’il a implanté dans son jardin, parallèlement à la route.

Résultat : une baisse de la vitesse des véhicules, et un signalement du faux radar sur les applications spécialisées. L’idée a même fait son chemin dans la population, au point que le Sénat s’est interrogé sur la légalité de tels dispositifs, inquiet à l’idée d’en voir fleurir un peu partout.

Les radars semblent donc avoir une incidence sur le comportement des automobilistes, à défaut d’avoir des conséquences positives indéniables sur la baisse du nombre de tués sur les routes. Concluons alors qu’ils sont un mal nécessaire sur certains tronçons, tout en constatant qu’ils ne font pas baisser drastiquement le nombre de morts sur les routes, alors que la Belgique en compte le plus grand nombre en Europe, derrière l’Italie et la Grande-Bretagne.